57- La Réunion lontan : Les Messageries Maritimes.

Ma jeunesse.

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Photo réponse: Messageries Maritimes,

Photo synthèse.

Voyager, partir, maintenant nous ne sommes plus dépaysés comme à l'époque. Que l'on soit à Gillot ou à Orly rien ne nous dépayse.

A l' époque , le fait de se rendre à la Pointe des galets, le voyage commençait déjà dans nos têtes...nous allions prendre ce grand paquebot comme Martine en croisière, pour connaître enfin cette métropole.

Les amis de nos parents, la famille, les collègues fonctionnaires tous se retrouvaient sur les quais ? et pour nous dire au revoir et partager ce privilège mais aussi, pour profiter de l'occasion pour acheter à bord avant notre depart,des alcools sans taxes.

Malgré la chaleur, nous étions habillés de tailleurs en tissu qui grattait, que ma mère avait confectionnés bien des semaines auparavant...eh oui il fallait se montrer impeccable en empruntant la passerelle.

De part le statut de mon père nous devions voyager en seconde classe, mais son frère, un oncle de la métropole bien placé au Havre aux Messageries maritimes, s' arrangeait toujours pour que nous voyageons en 1ere classe.

A l'époque nous prenions le temps de voyager...ce voyage au début, durait un petit mois...moins lorsqu'on pouvait encore passer par le canal de Suez.

On prenait le temps de rêver, de visiter les pays lors des escales, le temps de se lier d'amitié avec les autres voyageurs et l' équipage...le temps de connaître par.coeur, les paroles "les ti papiers" de Régime et les " élucubrations" d'Antoine.

Mais la chose la plus présente qui revenait sans cesse était le mal de mer...notre serveur Charly, filleul du général de Gaulle, nous avait conseillé avant de nous lever, de manger et boire une boisson chaude au lit...très efficace, pour affronter cette traversée.

Lors de ce voyage il y avait bien des choses à découvrir : on écarquillait les yeux devant tout, les magasins de Maurice, les pousse- pousse de Madagascar, sa bonne table car on ressentait déjà le manque de riz à table du paquebot.

En visitant l'Afrique, camera en main, mon père se faisait insulter par les femmes africaines qui refusaient qu’on les prenne en photo de peur de perdre leur âme… Quand le bateau passait des endroits difficiles on oubliait toute vie à bord pour rester des heures en cabine...

Quand le calme revenait, on évoquait la prochaine escale...ne s' habituant toujours pas à cette nourriture zoreil, (seul mon père y faisait honneur) , ma mère achetait des fruits qu'elle s' empressait de laver au savon.

Je me souviens de cette petite alsacienne, lors d'un retour Marseille Réunion, qui n'avait pas encore vu d'africains de sa vie à dit ...maman pourquoi ils sont tous en chocolat ? Tout ces petites anecdotes, nous prenions un plaisir fou à les relater à bord et ça créait des liens.

Sur ces bateaux, il y avait plusieurs classes qu’il ne fallait surtout pas mélanger ! Les premières classes disposaient d'un salle de spectacle, de salon de coiffure, d'un pont spécial avec transat, les passagers de seconde la même chose mais sans le luxe des cabines et la troisième classe un peu plus vers la cale avec des familles qui attendaient une existence meilleure en métropole.

Ah j' en aurai encore bien des choses à vous raconter...

L' approche de St Hélène...

Les manoeuvres des marins pour débarquer les voitures sur des pirogues...

le passage de l'équateur, où ils avaient oublié un petit détail...que je ne savais pas nager.

La présence assidue du commandant à notre table, ma mère étant une belle créole.

les fêtes somptueuses....

et notre arrivée en plein mistral à Marseille où un matelot à eu la malheureuse idée de proposer à ma mère une visite au chateaudif...je pense qu'il n'a jamais dû s' en remettre ce pauvre type...meme si mon père est allé s'excuser en lui expliquant qu'on venait de se taper un mois de traversée.